Les mules folles

PHENOMENE ANIMAL
Il est arivé à une foire de Champdeniers, le 5 de ce mois, un événement extraordinaire, qui étoit très-fréquent il y a quelques années. Tout à coup, vers midi, par un mouvement rapide qui dura peu, tous les mulets & mules qui étoient dans cette foire, s'effraierent, casserent leurs licols, se détacherent des mains de ceux qui les retenoient, se débanderent dans le plus grand désordre, mais sans sortir du champ de foire qui est au milieu du bourg, & renverserent & blesserent plusieurs persones. Nous avons été témoin d'un pareil accident il y a quelques années ; ils n'arivent pas seulement à Champdeniers ; il y en eut un à Montmorillon en 1770, suivant une Gazete du Commerce. Il y a une lettre de nous à cette occasion, dans les Affiches de la Rochelle, de 1771. Il en est fait mention dans un mémoire très-intéressant sur le bourg de Champdeniers, que nous venons de recevoir, & que nous publierons incessamment. Ces accidens sont aussi arivés plus d'une fois aux foires du Bas-Poitou ; nous avons une lettre qui en traite, & que nous placerons à la suite du mémoire sur Champdeniers, en rappelant ce que nous avons écrit. Cet objet mérite certainement d'exciter l'attention de tous les citoyens, & pour empêcher que l'accident se répète, & pour détruire les préjugés du peuple, qui ne manque pas, comme on s'en doute bien, de l'attribuer à ce qu'il appele maléfice ou sort.

ADP - n° 12, du 24 mars 1774, p. 52.

Commentaire : Pour ma part, j'aurais tendance à penser à une très faible secousse sismique, non sensible à l'homme. Le Seuil du Poitou possède en effet un taux de sismicité relativement élevé par rapport à la moyenne nationale, avec cependant de faibles intensités.
Il est dommage que la description de ce désordre ne porte que sur le comportement des mules. Les chiens également sont sensibles à ce phénomène
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Le vigoureux centenaire

Il existe actuelement dans la paroisse de la Chapelle-Montreuil-Bonnin, à 3 lieues & demi de Poitiers, un vieillard nommé Simon Millet, qui a eu 10 ans révolus le 16 Octobre dernier. Ce vieillard n'est point courbé, il a toujours été extrêmement vigilant& laborieux ; il est d'un tempérament sec, jouit de la meilleure santé & de tout son bon sens, & n'a d'autre infirmité que d'être très-lourd ; il tient encore le timon de la communauté qui subsiste entre lui, ses enfans & petits enfans, au nombre de douze ; il vaque journèlement au labourage, & au soin des bestiaux, qu'il ne croiroit pas bien traîtés s'il n'y mettoit la main ; il a fait cette année, comme les précédentes, une grande partie de ses emblaisons ; il fait volontiers trois & quatre lieues à pied, & monte seul à cheval ; il a la vue excellente, & la main si sûre qu'il se rase lui même ; il est dans l'usage, & il le fit encore l'année derniere, malgré les représentations de ses enfans, de coucher sous une cabanne, depuis environ la St Jean, jusqu'à la fin de Septembre, dans l'aire où on réunit les objets de la récolte, à la conservation desquels il veut veiller lui-même, ayant son chien auprès de lui. Il fit encore l'année derniere un acte de force que n'avoit pu faire un homme de 20 ans ; il chargea seul sur ses épaules un sac de blé pesant 120 liv. & le monta dans un grenier, où on se peut aborder que par une échelle ; il est né dans la métairie qu'il exploite, & y a toujours demeuré.
ADP - n° 13 du 24/03/1774, p. 52

Les triplés de Châtellerault

La femme de Marc Berton, Coutelier, sur la paroisse de St Jean de cette ville, est accouchée le 14 de ce mois, de trois filles, qui sont nées à quelques heures de distance l'une de l'autre, les deux premières naturellement ; il a fallu les secours de la Chirurgie pour la troisieme. Elles ont été baptisées, & se portoient très-bien le 15. Elles sont chacune aussi grandes que l'est ordinairement un enfant né seul d'une couche ; & il en naît même quelquefois de plus petits que la plus petite de ces filles. La mere est une femme très-petite & très-maigre.
ADP - n° 12 du 23/03/1775, p. 52

Un oubli ?

Châtellerault – St-Jean-Baptiste – BMS_1772-1775, p. 80/97 Marie Berthon
Le 15 mars 1775 a été baptisée Marie, fille légitime de Marc Louis Berthon, coutelier et de Rose Gilbert ; a eu pour parrain et marraine Pierre François Gilbert et Marie Florence Berthon, femme d'Etienne Briant, qui ont signé.
Signatures : Marie Fleuraince Berthon – Pierre François Gilbert – Gueritault vicaire

Louise et Julie Berthon, sœurs de la ci-dessus baptisée, qui l'a été à neuf heures et les autres à trois
Le 15 mars 1775 ont été baptisées Louise et Julie, filles légitimes de Marc Louis Berthon, coutelier, et de Rose Gilbert ; ont été parrain et marraine de Louise François Berthon et Marie Anne Gilbert ; ont été parrain et marraine de Julie Louis L…teau et Marie Marné, femme de Sébastien Bourreau qui ont signé.
Signatures : Maianene Gilbert – Marie Marney – François Berthont – Louis …teau – Gueritault vicaire.

L'agueusie

SINGULARITE NATURELE Il y a auprès de la ville de St-Maixant, un ancien Militaire, Gentilhomme Octogénaire, vivant sur sa terre, qui jouissant d'une bonne santé & de tout son bon sens & raison, éprouve depuis trois ans, une nullité absolue dans le sens du goût, sens qui ordinairement s'altere le dernier, & que l'on ne perd même presque jamais, à quelque degré de la vieillesse que l'on parviene. Quelques alimens qu'il prene, solides ou liquides, il n'y trouve aucune saveur, il ne distingue à son palais ni la nature ni le goût d'aucun mets ; vin, liqueur, viande, poisson, légume, il trouve tout fade & indifférent. Il mange sans appétit, & cesse de manger sans satiété ; il mange parce qu'il sait qu'il périroit sans nouriture ; son seul régime est de se borner à une quantité déterminée par le volume d'alimens qu'il croit lui être suffisant, selon l'habitude qu'il avoit avant d'être dans cet état, qu'il a éprouvé tout d'un coup, sans gradation & sans incommodité. Son estomac fait très bien ses fonctions. Mais il ignore absolument l'aiguillon du besoin, & la satisfaction que la qualité ou l'aprèt des mêts donne à l'appétit que l'on sert. Cet état que l'on peut appeler une paralysie du goût, est un phénomene digne de l'attention des Physiciens. Nous en sommes instruit par un homme digne de foi. Ce qu'il y a de singulier, c'est que ce vieillard a toujours vécu sobrement & frugalement ; mais il est depuis long-temps dans l'usage de fumer du tabac, & il a eu de tout temps l'habitude de prendre sans douleur les alimens les plus chauds, même brûlans ou bouillans. Il faut sans doute attribuer à ces deux habitudes, l'impassibilité & l'inertie actueles de son palais, blasé au point que nous venons d'exprimer.
ADP - n° 13 du 30/03/1775, p. 56

Prudence

De Vouneuil-sous-Biard, 16 Mars.
Voici, M., un acte de prudence qui est vraisemblablement dû à vos Feuilles ; je m'empresse de vous en faire part. Mardi dernier on apporta à la porte du Cimetière de cette Paroisse, pour le faire enterrer, un enfant de 10 ans qui venoit de mourir. M. le Curé qui n'avoit aucune connoissance de sa maladie, voulu, en homme sage, prendre quelques informations. Il apprit que cet enfant étoit mort asser promptement des suites d'une chute arivée le Samedi précédent. Alors M. le Curé dit aux assistants que dans un cas pareil de mort violente & presque subite, les Réglemens prescrivoient de n'enterrer persone qu'après avoir bien constaté l'état de mort, & qu'il ne donneroit point la sépulture à cet enfant qu'il n'eût fait ouvrir le cercueil : ce qui ce fit, sur sa requisition, au grand étonement du peuple, qui n'est point encore acoutumé à voir prendre ces précautions dictées également par la Religion & l'Humanité. L'enfant étoit réélement mort, on l'inhuma. Il faut toujours louer la prudence de M. le Curé…
ADP - n° 13 du 27/03/1777, p. 49