Bien qu’elle n’ait sans doute plus la même importance qu’au XVe ou au XVIe siècle, Poitiers reste une ville très attractive durant tout le règne de Louis XIV. Capitale administrative du Poitou, elle abrite en son sein tous les grands services royaux, notamment les tribunaux d’une sénéchaussée et d’un présidial. C’est également une grande cité catholique, dotée d’un évêché, d’un grand collège jésuite, d’une bonne quarantaine de couvents, mais aussi d’un lieu de pèlerinage de dimension régionale en la collégiale de Saint-Hilaire-le-Grand. Enfin, Poitiers dispose toujours d’une grande université qui, malgré des difficultés, continue d’attirer plusieurs centaines d’élèves.
Pour accueillir les «usagers» des diverses administrations royales, les pèlerins, les clercs, les militaires, les étudiants ou les simples voyageurs, mais aussi afin de pourvoir aux besoins de ses 20 000 habitants, la cité poitevine possède un nombre conséquent d’auberges et de cabarets. Or, force est de constater que ces établissements passent alors difficilement inaperçus dans le paysage urbain poitevin.

PLUS DE 230 DÉBITS DE BOISSONS

 

Au mois de janvier 1662, un inventaire dressé par les autorités municipales ne recense pas moins de 238 commerçants ayant le droit de vendre du vin au détail dans la ville de Poitiers. En fait, cette liste répertorie, sans les distinguer, l’ensemble des aubergistes et hôteliers (seuls habilités à loger des voyageurs), des cabaretiers (faisant simplement commerce de vin), mais aussi des petits marchands et boutiquiers vendant à boire en plus de leurs marchandises. On peut néanmoins estimer à une bonne cinquantaine le nombre d’auberges et peut-être à une petite centaine celui des cabarets poitevins au tout début du règne personnel de Louis XIV.
Ces débits de boissons se concentrent, sans surprise, à proximité des lieux les plus fréquentés de la cité. Plusieurs établissements sont installés aux abords des principales entrées de la ville, qui sont alors la porte Saint-Lazare (débouchant sur la grande route de Pa- ris), la porte de la Tranchée (donnant sur la grande route de Bordeaux) et, à un degré moindre, les ponts Saint-Cyprien et Joubert. A l’intérieur des murs, on en trouve une proportion non négligeable dans les rues les plus passantes, comme celles du Moulin à Vent, de la Tranchée, de Saint-Porchaire ou encore de la Grand’Rue. Quant aux places de Notre-Dame et du Marché Vieil2, les plus vastes de Poitiers, elles ras- semblent chacune au moins cinq de ces commerces à la fin du XVIIe siècle.

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